Bonjour tout seul ! Comment vais-je ? Une énième semaine de ma courte vie s’est dilapidée. Mais contrairement à la précédente, j’ai l’impression qu’elle s’est démarquée des autres.
J’ai enfin pu monter mon bureau assis / debout, table d’accoucheur de roman mais pas de bourreau de travail. Cette tâche m’incombe, de son bois à mes stylos, tout germera entre mon âme et mes dix doigts. Alors courage. Usons d’obstination. Je commence doucement à me l’approprier en y étalant mes affaires essentielles ainsi que posant les bases électriques, en attendant le vrai matériel. Mais tant que j’arrive à m’en passer, le superflu n’encombrera pas cet espace de vie littéraire. Assis / debout, j’écris ou tape à la machine. J’espère sincèrement rendre service à mon corps. À mon œuvre en devenir, en général. Évidemment je gaspille du temps sur mon ordinateur. Cette pièce, jusqu’à preuve du contraire, n’est pas le paradis. Ni un enfer. C’est une forge : je vais devoir gratter le papier comme on frappe le fer ; toujours à chaud. J’écris beaucoup de métaphores, mets en place des illusions de sentiments par des mots.
En parlant d’Illusions Perdues, j’ai clos la 2ème partie. Lucien vient de se faire broyer -peut être l’a-t-il cherché, par la plus compréhensible et cruelle de toutes les qualités : la jeunesse dans toute sa beauté -. Ce segment de roman oppose la vie littéraire se travestissant dans le journalisme, l’artiste dans la suffisance, la haute société dans la bassesse, et le m’as-tu vu sur toutes formes de bonté et sincérité. Cela fait quelques années que j’ai lu une première fois ce livre : j’en ai retenu quelques idées mais appliqué aucun vrai principe. Si toutefois, j’ai accepté l’idée de la création pure ; je n’en ai pas adopté la condition sine qua non : le travail acharné. Avec ceci, plus que l’esprit ou l’argent, on arrive à bout de tout ce qui est en nos moyens. La gloire venant à vous à vous comme on attend à l’arrêt de bus Godot. Balzac m’a écrit un manuel de savoir vivre sur l’expérience de son vécu. Je me dois de l’appliquer. Ridicule et présomptueux ? Oui, peut-être. Vain ? Je vais me battre pour me persuader du contraire. C’est moi d’abord et vous ensuite. On dirait un rapport douteux mais c’est un cercle vertueux.
Et sinon ce samedi, je me suis élancé dans « ma » course : les foulées d’Angoulême. C’était un peu mon rendez-vous sportif annuel. En exagérant, elle contenait ma satisfaction physique pour l’année. Une mauvaise course et le drame s’installait. Des semaines d’entrainements bonnes à jeter au feu et une motivation pour l’été très facilement broyée. Mais là, en plus du semi, malgré des séances de fractionné en berne ; j’ai établi ma meilleure performance depuis 5 ans de participation. De 42 minutes et quelques, je suis descendu à 39 minutes 37 secondes ! La raison de ma motivation n’était pas là à m’encourager ou féliciter… Mais un week-end de malbouffe m’a réconforté. Je note qu’à ce jour, je ne voulais pas croire que mon corps me porterait vers des performances ; que doucement mais sûrement je vieillissais de trop. Effectivement je glisse vers la mort mais je peux encore me défendre et proposer à mon cœur et à mon corps -ainsi qu’aux autres- des défis bien agréables ! Je ne compte pas me relâcher, bien au contraire. Ce soir j’arrête la malbouffe et demain je reprends les entrainements sérieux. Je vais tenter ma chance à d’autres petites courses, cette fois-ci pour rien d’autre que le fun, sans pressions.
J’angoisse entre le temps que je dois consacrer à mon corps et celui à mon esprit. L’apparence contre l’écriture…fight !