Atelier d’écriture n°8 : Musée de la Société Archéologique d’Angoulême

Au mois de Février 2019, nous avons eu la chance d’installer nos carnets d’écritures dans l’un des musées les moins connus d’Angoulême : celui de Société Archéologique. Grâce à Christine, nous avons découvert une partie des collections d’objets anciens et très anciens rassemblés par les passionnés du secteur dans une très jolie maison de centre-ville.

1/ Décrire un objet présent dans le musée

Mon objet préféré n’a pas de nom propre, ni de thème. Il raconte toujours sa propre histoire depuis des milliers d’années. Il témoigne du luxe ou de la religion, d’une histoire glorieuse ou du quotidien des paysans. Sur cette statue, sur toutes ces statues. Sur cette fresque, sur toutes les fresques. Il est ce détail sautant aux yeux, cette grossièreté sur une chef d’œuvre. On dirait un graffiti sur la signature d’un maitre, l’histoire réelle s’incrustant dans la mythologie. Il est difforme, sal, mal centré, abscons ; ou bien cruelle, égoïste, vengeur ou opportuniste. Son auteur n’a pas forcément étudié l’art mais lui apporte une nouvelle esthétique. Des fois, son nom brille plus que l’œuvre originale. Elle qui a voulu illustrer l’Illiade ou la vie des Taillefer, ornementer l’église de Champniers ou d’un autre trou perdu ; pousse les méninges dans leurs retranchements. Infiniment plus que le concret. Toujours on se demandera d’une œuvre ce qui lui manque, plus qu’on n’en désirera milles autres, toutes resplendissantes et encore vierges. Sa marque de fabrique que tout le monde reconnait, sans avoir besoin de savoir lire, porte le frustrant nom de vandalisme.

2/ Être l’objet et faire un monologue.

Je me fais chier ! Qu’est-ce que je vais pouvoir faire des mes dix doigts aujourd’hui. Je crois que je suis mal branlé : au lieu d’imaginer mon avenir, je vais dépérir à tuer le temps. Vous me direz, cela revient au même ! Ô rage, ô désespoir. Casser, brutaliser, déféquer, piller, estropier, arroser rayer, marteler, poinçonner, peinturlurer, chauffer, empoisonner, discréditer, forcer, insulter. Je ne sais faire que ça. C’est tout un art. Oui, et je le pousse jusqu’au vice ! Au début, j’étais petit, je m’y prenais mal. Je n’embêtais pas grand monde à part mes parents et ma nounou. Puis est venu le temps de l’école. À la maternelle, j’incarnais l’innocence. On me pardonnait avec un simple sourire d’angelot. Non, c’est depuis la primaire que toute est allé de mal en pis. Au début je collectionnais les punitions. Au collège, les heures de colle, où je réalisais d’autres vandalismes. Et puis enfin le lycée, à mes seize ans, après avoir été exclu de plusieurs établissements ; où on m’avait gentiment sermonné : « Vous êtes bien gentil Mr Vandalisme, mais les conneries, c’est terminé ! » Allez zou, voici comment mon parcours scolaire s’est clôturé. Je ne saurais pas vous dire qui était le plus satisfait : moi ou l’éducation nationale. Comme quoi, réussir ou échouer ne signifient pas grand-chose. Je suis un vandale un peu bancal, très banal, sans vraie conscience du mal. Vous me dénigrez qui que vous soyez ! Sachez que je n’en ai cure, méprisables tous autant que vous êtes. Pas besoin de monter sur vos grands chevals… Oui mesdames et messieurs, je suis aussi capable de vandaliser le français !

3 / Entamer un dialogue avec l’objet, débouchant sur un but

Tiens voici un manant, pardon je voulais dire un humain. Il a l’air perdu dans ses pensées. Grand bien me fasse, je vais lui parler et voir comment je peux lui être utile.

– Hey ! ça va ?

– Oui, oui, très bien. Enfin je crois, répondit l’homme.

– Tu ne me reconnais pas ? Mais si je suis un de tes cousins. Je fais partie de la branche des « K »

– Non ça ne me dit rien. De qui dites-vous ?

– Cousin Karnage, Kapharnaüm, Karabistouille et Katastrophe !

– Alors vous êtes un cas à part, blagua sans rire le jeune homme.

Le vandalisme se mit à réfléchir : « Oh toi champion, tu vas voir de quel bois je me chauffe. » Il relança la conversation.

– C’est quoi ta passion dans la vie ?

– L’écriture.

– Attends, je connais une technique pour devenir un grand écrivain. Avec ma botte secrète, l’argent, les femmes ou les hommes… La liberté j’pense que tu kiffes cette niaiserie. Tout ça à profusion jusqu’à ta mort !

– C’est gentil à vous. Je participe d’ailleurs à des ateliers d’écritures, justement dans le but d’apprendre et me perfectionner. Quel est le thème de votre leçon ?

– Avant que je ne te révèle ma carte magique ! Tu dois me promettre de l’utiliser.

Le jeune homme se pencha et le vandale lui souffla à l’oreille.

– La procrastination !

4 / Concrétisation du dialogue

Le jeune homme continua son chemin. Mr le vandale l’observait se réduire à peau de chagrin. Son regard malicieux étincelait de satisfaction. Ce mauvais farceur se frottait les mains d’un sadisme bien accompli.

Une jeune adolescente croisa son chemin. Il l’alpagua : « Hey, ça va ? J’ai un conseil pour ta virginité ! »

Puis un curé, une femme d’affaire, un politicien ; tous lui prêtèrent attention. Tous ont appliqué ses conseils gratuits, qui leur couta très cher en à peu près tout.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.