Atelier d’écriture n°14 : meurtre en chambre close

Bonjour à toutes et à tous, voici ma participation à un autre atelier d’écriture : Les fabulations. Il est animée par Matilde et Marie sous l’impulsion de la médiathèque Alpha. Covid oblige, ils se déroulent à distance.

Le thème de cet atelier est de mélanger le voyeurisme à une scène de crime. Il faudra inclure une touche de légèreté et de couleur, en s’inspirant des personnages du jeu Cluedo. J’ai choisi le colonel Mayonnaise avec sa couleur jaune.

Début du texte :

– Piou ! Piou piou piou ! Piou piou ! Piou !

Un homme aux longs cheveux blancs, une barbe fournie mais bien taillée, dans une longue blouse blanche de scientifique ; vêtu en dessous une chemise à carreau ainsi qu’un épais jean, porte à son annulaire une grosse bague en forme de tête de mort.

– Piou ! Piou piou piou ! Piou piou ! Piou !

Depuis sont local de sécurité, le colonel Mayonnaise n’entend que ça. Des « Piou » assourdissants, des « piou » cacophoniques, des « piou » à en devenir fou. L’intru s’est infiltré dans cette usine afin de surveiller le bon déroulement de son terrible dessein. Un homme s’était moqué de lui… de sa passion pour les omelettes, les pancakes, les crêpes etc. Le colonel Mayo a donc concocté durant la nuit une recette originale, une vengeance au goût inédit.

– Piou ! Piou piou piou ! Piou piou ! Piou !

« Le voici qui entre dans le hangar » se dit le militaire dont l’excès de cigare a jauni légèrement sa barbe. « Je peux le suivre depuis cette caméra. Où qu’il aille, je pourrai l’observer et contrôler son environnement. »

– Piou ! Piou piou piou ! Piou piou ! Piou ! Piou ! Piou piou piou ! Piou piou ! Piou !

Le hangar fait plusieurs centaines de mètre-carré. De longs couleurs de néons et divers spots de lumière jaune, éclairent les ténèbres.

– Piou ! Piou piou piou ! Piou piou ! Piou ! Piou ! Piou piou piou ! Piou piou ! Piou ! Piou ! Piou piou piou ! Piou piou ! Piou !

Les mini-soleils électriques excitent les millions de poussins. Du « piou piou » en veux-tu en voilà. La présence d’un humain en tenue de protection en plastique jaune, portant également un masque de respiration évoquant rapidement le bec d’un coq ; les perturbe. Soit parce qu’il vient procéder à un contrôle routinier, soit parce qu’il leur balance parfois des poignées de grains de maïs OGM. Par habitude et probablement lassitude, le technicien n’entend plus les plaintes des poussins. Il avance l’œil vide et l’esprit absent, accompli sa tâche rapidement puis déguerpit.

« Avance, avance mon mignon. Je t’ai préparé une surprise pleine de goût », se délecte le colonel Mayonnaise.

Le technicien, des fois par expertise, des fois par sadisme, ramasse par terre des mâles qu’il lance dans une broyeuse. Un peu comme les lycéens jettent des œufs lors du Père Cent. Mais l’humain sent que quelque chose cloche. La machine ne fonctionne pas automatiquement. Les poussins martyres dansent sur les rouleaux crénelés de la broyeuse. Ils sont des grains de sable bloquant les rouages du mécanisme.

Il s’en rapproche malhabilement. Il juge la nature morte de cette machine à tuer. Il appuie sur des boutons mais aucune réaction. Bizarre… Il insiste mais sa perplexité consomme de sa vigilance.

« Je te tiens » ricane dans sa barbe le colonel Mayonnaise. « Tu vas l’avoir mauvaise ! »

Il actionne à distance la broyeuse, dans un cycle de maintenance. Le mécanisme avale les poussins pour les réduire en poudre d’or. Piou ! À la dernière seconde, le technicien retire son bras empêtré dans le plastique ample. Les dentes acérées ont léché la combinaison. L’homme est sonné. Le Gros Minet recule de quelques pas, puis tombe à la renverse dans l’enclot à Titi et ses milliers de clones. Il se cogne vilainement l’arrière du crâne et en perd son respirateur. Fatale erreur !

Avant de suffoquer d’un air irrespirable et enseveli sous une montagne de poussins, il hurle à l’agonie parce que des milliards de « piou ! piou ! » lui crèvent les tympans.

Le colonel Mayonnaise s’en va, son crime « accidentel » accompli à sa sauce. Satisfait comme un méchant dans les films, il lâche sa meilleure réplique : « On ne fait pas de mayonnaise sans casser un œuf. »

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