Atelier d’écriture : inspiration du gris et du blanc

Bonjour, vous trouverez dans ce billet l’une des sources d’inspiration de mon 1er roman. C’est l’étincelle, la goutte d’eau amenant la vie dans mon univers

Atelier écriture du 16/02/13. Les textes sont retranscrits sans les retouches nécessaires.

Le premier exercice consistait à :

« Décrire son lieu d’intimité / quotidien / de façon précise / détailler les décors / action / objets. »

Durée 20 min.

Il est 13h58. J’ai un peu d’avance et quelques instants de faux répit. J’ai un peu de retard et l’anxiété d’être jugé sur l’heure de ma prise de service. Je suis donc à l’heure. Je pousse cette banale porte de bois. Ce qui est murmure se transforme en brouhaha. Je suis dans ce hall. Je me place à l’endroit que je juge le plus efficace. Je fais face à l’entrée du public. Un lieu public sans personnes c’est triste. Un lieu public bondé c’est oppressant. Je suis une vigie au milieu d’un courant disparate de personnes. Je vois des jeunes. Ils ont souvent à peine 15 ans. Ils viennent s’amuser, c’est ce que j’appelle dorénavant m’emmerder. Il y a ces jeunes d’origines magrébines ou pas. Ces adolescents ne sont pas méchants de prime à bord mais on les appelle « racailles ». Ils sont toujours bien apprêtés : toujours coiffés avec un peu de gel, au moins un t-shirt de marque, l’œil vif, le portable à la main et le paquet de clope qui déforme leur poche. Ils se crient dessus, assourdis par les provocations et violences du quotidien ; leur demander de se taire c’est fermer hermétiquement le couvercle de la cocotte-minute qui boue. Ils exploseront plus tard, là où je ne serai pas, égratignant un autre jeune, le bâtiment ou un collègue. Et si je suis là, c’est le même résultat. Dans les 2 cas je n’ai rien pû faire. Dans un attentat, les victimes n’ont souvent ni le courage ni les moyens de s’en prendre à leur agresseur alors c’est la sécurité qui prend les coups par vengeance, faiblesse, lâcheté : toutes les raisons sont bonnes. La violence est un ballon qui passe de mains en mains et mon métier c’est d’être gardien.

Le second exercice consistait à :

« Evoquer notre rencontre avec une créature imaginaire tout en conservant comme base d’introduction le contexte que nous venions d’écrire précédemment ».

Durée 15 min.

Un jour comme les autres. Je surveille. Il ne se passe rien. Les clients se présentent à l’accueil avec une facture EDF. Si vous payez des impôts à la COMAGA vous avez droit à un retour sur investissement. Un téléphone sonne puis un autre. Les gens s’amassent contre la vitre qui donne sur la piscine et d’autres enjambent l’escalier qui mène aux gradins. D’autres sonneries se font entendre. « Non c’est pas vrai, arrête de me prendre pour une blonde ». Les employés aux caisses quittent leurs postes et se dirigent vers les vestiaires. Décidément tout mène au lac originel : les portiques d’entrées sont enjambés, les gens courent. Dans les mouvements de foule, la sécurité est un fardeau. Dans l’inconnu, la curiosité est une lumière qui nous attire malgré nous. Je me laisse porter par le courant et arrive à la piscine olympique. Il y a tout un attroupement autour. Ils forment une barricade. Celle-ci est friable et des poussières, des hommes et des femmes, tombent dans l’eau. Je me fraie un chemin et la vois. Elle est là. Mais qu’est ce qu’elle fait là ? Elle se meut dans l’eau avec grâce. C’est son élément. Elle a une longue chevelure blonde. Avez-vous déjà vu de l’or à travers le prisme de l’eau ? C’était le même effet. Elle allait et venait dans le silence général. Elle a le sourire mystérieux, elle de la Joconde aux coins des lèvres. Je ne peux détacher mon regard. C’est une femme. Et alors ? Le haut de son buste laisse admirer ses seins et son corps d’une fraicheur éternelle. Elle est nue ? C’est interdit par le règlement mais j’ai déjà vu pire. Je suis hypnotisé. Ce n’est pas naturel. Ce qui ébloui ne se voit pas. Les remous de l’eau empêchent de distinguer mais elle semble porter une robe. Cette fille est une originale. Cette ballerine des mers n’a pas de jambes mais un corps de poisson. Je ne parle pas de carpe ou de sardine mais de la rencontre entre la douceur du dauphin et le terrible du requin.

Le dernier exercice consistait à :

« écrire une interaction avec la créature que ce soit une action ou un dialogue. »

Durée 30 minutes.

-« Salut »

Je la regarde toujours. Je n’ai plus de notions de ce qui m’entoure. Elle est un soleil et je suis une planète. L’univers peut bien s’écrouler, il me restera la plus jolie des étoiles à admirer.

-« Eh oh je te parle ».

Cette chimère s’adresse à une statue. C’est le dialogue surréaliste de l’imagination et de l’art. Ce qui est impossible existe et ce qui n’existe pas se produit.

-« C’est à moi que tu parles ? » bredouillais-je.

-« oui »

-« Qu’est-ce que vous faites ? » Ce n’est pas moi qui répond c’est ma déformation professionnelle.

-« Je nage. » répondit elle.

-« Comment êtes-vous arrivée là ? »

-« Je ne sais pas. Et toi ? Tu surveilles mais tu ne m’as pas vu venir. Tu fais un piètre gardien. J’ai rencontré Cerbère plus efficace. »

La situation est Kafkaïenne. Je suis perdu. Mon seul repère c’est cette créature. Elle est un monstre avec une part d’humanité. Je suis sous son charme. La féminité c’est l’apprivoisement des hommes.

-« Qu’est ce que tu es ? »

Je n’ai pas pû faire la chute de ce texte dans le temps imparti. Vous pouvez imaginer votre propre suite 😉

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.